Beaucoup de films fantastiques reposent sur une idée, mais il est rare qu’elle soit aussi forte et aussi originale que celle-ci : une petite fille, Anna, se retranche dans son univers intime par le biais de ses dessins. La nuit, pendant ses rêves, elle se retrouve dans le décor qu’elle a elle-même dessiné, mais en trois dimensions. C’est ainsi qu’elle pénètre dans une maison bizarre, au milieu d’un paysage désolé. Quand elle veut rencontrer un petit garçon, il lui suffit de l’ajouter à son destin. Mais si elle maîtrise ce monde imaginaire, elle en est aussi la victime. Lorsqu’elle dessine par inadvertance son père menaçant, il la rejoint dans ses cauchemars. Le lendemain, elle croit lui échapper en gommant son visage — et c’est alors un père défiguré qui la poursuit… Avec une simplicité rigoureuse, le cinéaste anglais Bernard Rose (dont c’est le premier film) met en place cet univers onirique, évitant tous les effets faciles du pseudo-surréalisme. On a vraiment l’impression de pénétrer dans un dessin d’enfant. Délicieux malaise… qui s’oriente en fin de film vers la terreur pure. Un petit joyau montré à Avoriaz en 1989.